22 Nov Les fondements de la géobiologie partie 1
Les fondements de la géobiologie
Première partie.
Novembre 2024, n° 41.
Environnement Santé : Pourquoi la géobiologie est un acteur incontournable.
« La géobiologie, hygiène de l’environnement (GHE), est la discipline qui traite des relations de l’environnement, des constructions et du mode de vie avec le vivant. »
Source : Confédération Nationale de Géobiologie, 2012.
De par son activité professionnelle le géobiologue est indispensable à la caractérisation du plus grand nombre de composantes d’un lieu. L’objectif étant de vérifier si certaines d’entre elles sont susceptibles d’avoir une influence sur le vivant. Il convient de rappeler que l’évaluation d’un lieu par le géobiologue peut amener de nouvelles compréhensions d’effets cocktails délétères, qu’ils soient conventionnels et non conventionnels.
Interaction vivant/milieu
Tout être vivant est en permanence en interaction avec le milieu dans lequel il évolue. Les êtres humains et les animaux vivent dans un environnement naturel de plus en plus artificialisé, loin des conditions d’origines. À chaque instant ils sont soumis à une multitude d’éléments et de phénomènes d’ordres : physiques ; chimiques ; biologiques ; psychiques ; et autres.
Tous ces facteurs environnementaux sont susceptibles de modifier le métabolisme, les défenses immunitaires, la psychologie, et plus généralement les fonctions vitales et la bonne santé. Qu’un seul de ces paramètres environnementaux se modifie et l’humain et l’animal doivent s’adapter au plus vite aux nouvelles conditions du milieu, s’ils veulent conserver leurs pleines capacités de vie. C’est un fait scientifique, l’humain et l’animal ne peuvent pas échapper au milieu dans lequel ils vivent.
Déjà, dans les temps anciens la relation au milieu était objet de préoccupations.
Dans la Grèce antique
Dans la civilisation grecque Hippocrate, père de la médecine, publie entre 430 et 415 av. l’ère actuelle, un traité intitulé : Des airs, des eaux, des lieux. Il écrit ces quelques lignes :
« Que celui qui veut perfectionner l’art de guérir considérera les causes extérieures qui agissent sur l’être vivant, concurremment avec les déterminations constitutionnelles qu’il porte en lui. »
« Il devra entreprendre de définir l’influence des saisons de l’année et de l’action des astres. S’enquérir de la qualité des eaux, s’instruire comment l’endroit est disposé par rapport aux vents, aux hivers et aux couchers de soleil, s’informer de l’état des sols. »
Dans la Rome antique
Plus tard, chez les romains, c’est Vitruve, architecte (Ier siècle av. l’ère actuelle), qui donne un enseignement dans ses écrits : Les dix livres de l’architecture. Il y manifeste son intérêt de bien connaître les lieux avant d’y implanter une ville. Il est possible de lire sous sa plume :
« Quand on veut bâtir une ville, la première chose qu’il faut faire est de choisir un lieu sain. »
L’exemple d’Hippocrate, de Vitruve, de leurs prédécesseurs et successeurs, met en évidence une fois de plus cette quête intemporelle de choisir un lieu sain pour s’y établir. Celui-ci doit être favorable à la bonne santé du vivant en général et de l’humain en particulier.
Dans le monde contemporain
Aujourd’hui, la science n’est plus basée sur la seule observation du paysage et du climat pour se prémunir d’une maladie et de décider du lieu d’implantation d’une ville. Elle a également abandonné l’observation du comportement des animaux sur un lieu. Cela au bénéfice d’autres modalités d’évaluations d’un environnement. Dans le paradigme prévalant actuellement, l’humain et le monde animal sont considérés comme protégés par l’application effective des textes internationaux et nationaux.
Parmi les nombreuses prises en considération de l’influence de l’environnement sur le vivant, il a été retenu préférentiellement les textes ci-dessous en conformité avec l’exercice de la profession de géobiologue (Hygiène de l’environnement).
Quelle est la position des instances internationales.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est l’organisme de référence. Cette organisation est chargée de traiter la santé au niveau mondial. Dès 1946, elle définit la notion de santé dans le préambule de sa constitution :
« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
Puis, plus particulièrement, le Bureau européen de l’OMS donne une définition plus spécifique de la Santé environnementale :
« La santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. »
Et d’ajouter :
« Elle concerne également la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contrôle et de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d’affecter la santé des générations actuelles et futures. »
Sur le site internet de l’OMS (Who.int) il est possible de relever la définition d’Hygiène du milieu. Elle est présentée comme suit : « L’hygiène du milieu vise à prévenir les maladies d’origine environnementale et à créer un environnement favorable à la santé. »
L’OMS, n’est pas la seule instance internationale d’établir une relation directe entre l’environnement et l’humain.
En 1972, est promulguée la déclaration de Stockholm. La conférence des Nations unies sur l’environnement adopte une série de dispositions concernant l’environnement. « Le Principe 1 – L’homme a un droit fondamental (…) à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-être. Il a le devoir solennel de protéger et d’améliorer l’environnement pour les générations présentes et futures. »
Le 14 décembre 1990, lors de sa 68e séance plénière, 45/94 Nécessitant d’assurer un environnement salubre pour le bien-être de chacun, l’Assemblée générale des Nations unies, rappelant que conformément aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’homme (…) toute personne a droit à (…) une amélioration constante de ses conditions d’existence (…) « 1. Déclare que chacun a le droit de vivre dans un environnement propre à assurer sa santé et son bien-être. 2. Demande aux États Membres et aux organisations intergouvernementales et non gouvernementales qu’intéressent les questions d’environnement de redoubler d’efforts en vue d’assurer un environnement plus salubre. »
Toutes ces définitions que sont : Santé, Santé environnementale et Hygiène du milieu sont assez clairement formulées pour donner aux différents pays les conditions minimales requises afin de créer des espaces de vie favorables au vivant.
Il est à souligner que l’OMS et l’ONU ne réduisent nullement les conditions d’une santé environnementale à une liste exhaustive. La profession de géobiologue trouve là le cadre de son activité professionnelle. Elle s’inclut de fait dans le concept “Environnement santé” en offrant son champ de compétence complémentaire à d’autres professions.
Quelles sont les considérations européennes.
Concernant l’Europe, pour sa part elle fait valoir Le Principe de précaution et la reconnaissance du droit de vivre dans un environnement sain.
Le 8 décembre 1989, pour la première fois de l’histoire les ministres européens de l’Environnement et de la Santé du bureau de l’OMS se sont réunis pour élaborer la Charte européenne de l’environnement et de la santé (Francfort-sur-le-Main, en Allemagne).
Dans le préambule, il est indiqué : (…) « Reconnaissant que la santé humaine est tributaire d’une grande variétés de facteurs environnementaux de la plus haute importance ; Soulignant que la prévention des risques pour la santé, par le biais de la protection de l’environnement, est vitale ; Reconnaissant qu’un environnement propre et harmonieux exerce une influence bénéfique sur la santé et le bien-être ; Encouragé par les nombreux exemples de résultats positifs obtenus en matière de réduction de la pollution et de restauration d’un environnement salubre ; (…) »
Puis, dans les Droits et obligations : « 1. Chaque personne est en droit : de bénéficier d’un environnement permettant la réalisation du niveau le plus élevé possible de santé et de bien-être ; (…). 3. Toutes les composantes de la société sont responsables de la protection de l’environnement et de la santé, qui constitue une question d’ordre intersectoriel faisant intervenir de nombreuses disciplines ; (…) ».
Dans les Principes fondamentaux d’intérêt général, il est précisé en « 1. Bonne santé et bien-être exigent un environnement propre et harmonieux dans lequel tous les facteurs physiques, psychologiques, sociaux et esthétiques tiennent leur juste place (…). 2. Le principe privilégié devrait être que « prévenir vaut mieux que guérir. » (…). »
En 1998, la Cours de justice des Communautés européennes formule la précaution suivante :
« Il doit être admis que, lorsque des incertitudes subsistent quant à l’existence ou à la portée de risques pour la santé des personnes, les institutions peuvent prendre des mesures de protection sans avoir à attendre que la réalité et la gravité de ces risques soient pleinement démontrées ».
En 1998 la convention Aarhus est signée par la Communauté européenne. Elle sera publiée le 17 mai 2005 dans le Journal officiel de l’Union européenne n° L 124. Son intitulé est “Convention sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement”. Dans son préambule est déclaré (…) « Reconnaissant qu’une protection adéquate de l’environnement est essentielle au bien-être de l’homme ainsi qu’à la jouissance des droits fondamentaux, y compris du droit à la vie lui-même. Reconnaissant également que chacun a le droit de vivre dans un environnement propre à assurer sa santé et son bien-être et le devoir, tant individuellement qu’en association avec d’autres, de protéger et d’améliorer l’environnement dans l’intérêt des générations présentes et futures. »
En 2023, la Septième Conférence ministérielle du Centre européen de l’environnement et de la santé de l’OMS adopte la Déclaration de Budapest. Elle lance un programme abordant les menaces posées à la santé. Pour y remédier parmi toutes les propositions il est indiqué une promotion du cadre bâti propre, sûr et favorable à la santé à l’horizon 2030.
Les instances européennes comme celles internationales laissent libre le contenu des facteurs environnementaux et le moyen de les appréhender. La position européenne valide ainsi le droit et la liberté d’exercer la profession de géobiologue dans le but de créer des espaces de vie favorables au vivant.
Sources : Bernard Olifirenko, Histoires et fondement de la géobiologie, 2016, et Balades pour un géobiologue, 2023.
Pour citer cet article : Olifirenko Bernard, “Les fondements de la géobiologie, première partie“, site internet https://argemaformation.com/les-fondements-de-la-geobiologie-partie-1/, le 21 novembre 2024, n° 41.
Argema Formation – École Nationale de Géobiologie Appliquée.
Demande d’information complémentaire.
Pour joindre l’auteur :
argema.toulouse@wanadoo.fr
Tél. : 06.88.43.46.36.