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Le carré de Bezonnes : deux mégalithes en Aveyron

Le carré de Bezonnes : deux mégalithes en Aveyron

Un trésor servi sur un plateau

Entre Salles-la-Source et Bezonnes en Aveyron, sur environ 10 kilomètres de long et 7 de large, un vaste plateau calcaire héberge depuis plus de 6000 ans un site où l’on ne recense pas moins de 100 mégalithes.
Cela fait de ce secteur, l’un des sites en France les plus denses en termes de construction de menhirs et de dolmens.

Cet Éden, aussi bien pour l’amateur archéologue féru du néolithique que le géobiologue passionné de lieux sacrés, ne peut se découvrir en une seule fois.
Même le randonneur aguerri ne pourrait les relier tous qu’en plusieurs jours.
Quant à étudier ce sanctuaire et à en comprendre l’organisation, c’est presque une vie entière qu’il faudrait y consacrer.

Aussi aujourd’hui, c’est sur deux d’entre eux que nous nous attarderons.
J’ai nommé le Roc de la Françouna et le Dolmen de Bezonnes 1.

Deux dolmens en accord sur la même ligne.

Les deux mégalithes ont été érigés de part et d’autre d’une même colline allongée de façon que chacun d’entre eux occupe l’une des deux extrémités du relief.
Ceci n’est pas forcément fréquent, mais on note qu’un chemin relativement important et plutôt droit connecte les deux lieux.

Le marcheur reliera d’un bon pas les deux mégalithes en un peu plus d’un quart d’heure à pied.
Ce randonneur appréciera d’autant plus la promenade que le chemin emprunte exactement la ligne des crêtes de la colline, offrant une vue appréciable sur le lointain paysage de part et d’autre des flancs du relief.

La topographie n’ayant pas été remodelée depuis le néolithique il est possible d’avancer sans trop se tromper que ce chemin, aujourd’hui emprunté par les promeneurs du dimanche ou agriculteurs en semaine, avait déjà été tracé et foulé par les bâtisseurs des mégalithes, créant déjà une relation particulière entre ces deux dolmens.

Le rapporteur à la rescousse des chasseurs de mégalithes.

Nous offrons ici un petit cours de géométrie qui doit normalement se comprendre sans trop de difficultés.
En mesurant l’angle formé par la ligne droite théorique qui sépare les deux dolmens, nous obtenons un angle de 135°N.
Cette mesure est aisée à réaliser car nous disposons aujourd’hui d’outils relativement précis fournis par les bases cartographiques mises à la disposition de tous.

135°N : comprenez que l’axe nord/sud – qui n’est autre que la méridienne locale – passant par le Roc de la Françouna, coupé par l’axe reliant les deux dolmens forme un angle de 135°.
Cette ligne verticale relie le pôle Sud au pôle Nord en suivant la courbe de la terre : c’est donc bien du nord géographique dont nous parlons. Rappelons que ce nord est le même aujourd’hui qu’il y a 6000 ans, contrairement au nord magnétique qui lui est changeant.

Un site au carré

Nous pouvons aussi écrire que la ligne parallèle à l’axe Est/ouest passant par le Roc de la Françouna et coupé par notre fameuse même ligne, forme un angle de 45°.
En effet, l’angle formé entre une méridienne et un parallèle est un angle droit. Il faut donc pour notre exemple retrancher 90° à 135°. 135-90 = 45.

Cet angle de 45° éveillera dans notre tête des souvenirs de géométrie apprise dans les petites classes. Nous savons comment 45° est tout simplement l’angle formé par la diagonale d’un carré avec ses côtés adjacents.

Se dessine alors dans le paysage à travers l’implantation des mégalithes un carré de taille monumentale, invisible au randonneur sur place, mais reconnaissable depuis une vue plongeante de type image satellite.

Quand géométrie et paysage se marient

Si les relations géométriques des mégalithes entre elles ne sont pas encore trop connues par le grand public, il existe toutefois de nombreux travaux qui tentent de démontrer une possible utilisation et maîtrise de formes géométriques simples chez ce peuple bâtisseur.
En géobiologie, l’étude et l’utilisation des tracés régulateurs comme outils d’harmonisation fait partie des savoir-faire du géobiologue. Cette branche de la discipline est aussi appelée « géométrie sacrée ».

On la retrouve dans l’étude des chapelles, églises, cathédrales, châteaux ou bien pyramides : c’est ce qui sous-tend l’architecture. L’utilisation de la géométrie sacrée est tant une aide et méthode de construction qu’un outil qui permet de redonner de la cohérence à un lieu.
Notons toutefois la différence dans notre exemple, la géométrie est ici employée sur de grandes distances.

Ce carré orienté cardinalement est loin d’être le seul exemple connu.
Souvent, ces figures dont les lignes sont invisibles sur le terrain sont ponctuées aux angles par les mégalithes : ce sont les méridiennes (axe nord/sud) et parallèles (est/ouest) qui sous-tendent la forme géométrique.

Ce qui est notable ici, et pour le coup admirable, c’est la superposition de ce carré avec la topographie elle-même.
En effet, la ligne des crêtes de la colline, dessinée par le temps, et l’érosion, se retrouve naturellement alignée sur cet axe de 135°N, offrant sur un plateau ce carré qui préexistait avant l’implantation des pierres

La leçon magistrale d’écologie des bâtisseurs de mégalithes

Le terme d’écologie n’est pas si éloigné de la géobiologie.
Construit à partir du terme grec οἶκος / oîkos (« maison, habitat ») et λόγος / lógos (« discours ») : c’est la science de l’habitat.
Aujourd’hui, l’écologie est devenue une cause, une problématique en politique, des préoccupations mondiales pour l’avenir de la planète.

D’un autre point de vue, la personne qui s’occupe des relations d’une maison avec son environnement, c’est aussi le géobiologue.
Celui-ci est convoqué pour rendre un habitat le plus harmonieux possible avec le vivant en trouvant quelle sera la meilleure manière de s’inscrire dans le lieu.

En reconnaissant dans le paysage l’existence de cette colline à l’orientation singulière, les bâtisseurs de ces deux dolmens ont réussi un tour de force qui doit aujourd’hui nous émouvoir. En se servant de la colline comme base, ils réalisent un geste minimaliste architectural d’une grande économie, mais accouchent d’un résultat « monumental ».

La voie de la souplesse : des bâtisseurs judokas avant l’heure.

C’est avec une immense douceur et respect du lieu que ces bâtisseurs ont intelligemment inscrit leur construction artificielle – un carré – qui s’imbrique le plus naturellement avec la topographie préexistante de la colline.
Dans ce même plateau, toujours orientées de manière cardinale, d’autres combinaisons géométriques avec d’autres mégalithes peuvent être relevées telles que des doubles ou triples carrés.

Cependant, ces dernières figures citées seraient ici mal inspirées pour faire dialoguer ces lieux sacrés avec la Terre-Mère.
La démarche ici à reprendre est de tirer au mieux parti de ce que la nature nous offre.

Et c’est ici à travers l’outil de l’observation que cela a été rendu possible.
Les bâtisseurs de ces deux dolmens utilisent à la manière du judo la force déjà existante du paysage pour décupler l’efficacité de leurs pierres plantées.

Les mégalithes : les Duracels® des lieux sacrés

Avec plus de 6000 ans d’existence, les mégalithes sont parmi les lieux sacrés les plus vieux qui sont parvenus jusqu’à nous.
En plus d’utiliser des matériaux durables avec les pierres en granit ou en calcaire comme en Aveyron, ce sont leurs méthodes d’implantations qui sont durables.

Le géobiologue est lui aussi confronté à cette notion de durabilité.
Lorsqu’il place un dispositif chez un client, il doit s’assurer que l’effet d’harmonisation qu’il perçoit sur l’instant est assez d’inertie pour durer dans le temps.

Nous avons décrit dans un précédent article l’utilisation singulière des orientations des dolmens et menhirs qui dialoguent avec des apparitions ou disparitions d’objets célestes. Le soleil, la lune ou les lointaines étoiles ayant des positions relativement stables dans le temps, le travail en relation avec ces astres célestes offre au dispositif du géobiologue des bases solides et durables.

Il en va de même pour l’utilisation de la géométrie sacrée. Celle-ci ne doit pas être plaquée de manière systématique, mais doit réussir à dialoguer le plus intimement avec les caractéristiques locales.

Ainsi, les tracés régulateurs amènent le lieu à demeurer « hors » du temps.

Le yard mégalithique : la cerise sur le plateau

Bien sûr, le doute est de toujours de mise sur ces formes géométriques que l’on relève. Il s’agit peut-être de hasard, de concours de circonstances, ou bien d’observateurs qui trouvent ce qu’ils veulent bien chercher.
Vouloir à tout prix chercher systématiquement une relation géométrique entre des mégalithes s’avère parfois vain. Peut-être parce qu’il n’y en a jamais eu ou bien que des objets manquent aujourd’hui à l’appel (destruction, déplacement, etc.) et que le puzzle n’est plus recomposable.

Toutefois dans notre exemple du carré de Bezonnes, un dernier élément vient corroborer l’idée de forme géométrique maîtrisée : il s’agit de la distance entre les deux mégalithes.
En positionnant convenablement les deux points sur une carte, on mesure une distance de 1244 mètres. Un bon kilomètre et un peu plus, sépare donc les deux mégalithes.

Cette distance mesurée en système métrique pourrait être convertie en d’autres unités comme le yard Anglo-saxon, le pied romain ou gaulois, la coudée royale, etc., mais c’est le Yard Mégalithique (env. 0,83 m) qui retiendra notre attention.
Cette unité de mesure retrouvée notamment dans les années cinquante à l’aide d’outils statistiques semble être récurrente dans de nombreux sites mégalithiques, notamment en Bretagne et Grande Bretagne.

Mais c’est avec joie que nous la voyons surgir ici, dans notre carré Aveyronnais, une fois converti, la diagonale mesure 1500 yards mégalithiques et 600 toises mégalithiques, chiffre rond s’il en est.

Comprendre pour mieux percevoir

Aujourd’hui, plusieurs théories tentent d’expliquer la provenance de cette unité de mesure. Ce que l’on note, c’est l’utilisation récurrente du yard mégalithique sur ce plateau en Aveyron.
C’est ce qui donne aussi de la cohérence au projet global d’occupation du lieu à travers l’implantation de pierres dressées.

Le carré de Bezonnes est formé d’un couple de dolmens, qui, nous l’avons vu, a été implanté de manière magistrale.
Nous n’avons pas évoqué ici les caractéristiques de chacun qui mettent en relation avec le sous-sol ou bien les astres.

Comprendre la relation géométrique des mégalithes entre eux permet de changer le regard que l’on leur porte et de mieux s’imprégner de la démarche et de l’esprit des bâtisseurs.
Il se peut que cette compréhension soit aussi une aide pour ceux qui souhaitent dialoguer avec ces pierres et rentrer en intimité avec le monde invisible.

Toutefois, ces deux dolmens font partie d’un complexe plus grand encore avec d’autres mégalithes qui gravitent autour d’eux.

Cela fera l’objet d’un prochain article : Le complexe de Bezonnes

 

Benoît Blein

Pour citer cet article : Benoît Blein,  Le carré de Bezonnes : deux mégalithes en Aveyron, http://argemaformation.com/le-carre-de-bezonnes-deux-megalithes-en-aveyron/ le 25 aout 2021.

Illustrations : ©Benoît Blein 2021

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Argema Formation – École Nationale de Géobiologie Appliquée.
Demande d’information complémentaire.

Benoît Blein est géobiologue et graphiste en Aveyron
Il anime à Argema Formation  un nouveau module Compréhension du monde Mégalithique

Benoît Blein

Pour joindre l’auteur :
benoit@fusainblanc.com
Tél. : 06 86 84 92 06

Saint-Ferréol, le 25 aout 2021.

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